Education bienveillante avec des jumeaux ?

Accueil des émotions, consignes positives, communication non violente, demandes adaptées à l’âge de vos enfants… vous avez l’impression de faire tout juste et d’être un parent bienveillant, mais vos multiples ne vous écoutent pas plus pour autant. Vous vous pliez en quatre pour prendre en compte leurs besoins et vous adapter à leurs capacités ainsi qu’à leur personnalité, mais ils ne coopèrent pas plus: ils continuent à n’en faire joyeusement qu’à leur tête!

Pourquoi cela se produit-il, alors que selon tous les chantres de la parentalité positive (même sur ce blog!), un enfant écouté devient un enfant bien dans ses baskets et donc, coopératif? Et comment faire pour que les enfants aillent dans notre sens sans pour autant revenir aux vieilles méthodes éducatives basées sur le rapport de force, où l’adulte domine l’enfant tout simplement parce qu’il est plus grand et plus fort que lui?

« Obtenir » plus de coopération n’est pas le but de la parentalité positive

Un des premiers buts de la parentalité positive, c’est de fournir une éducation qui contribue à construire des enfants heureux ET respectueux: respectueux d’eux-mêmes ET des autres. Cela commence par l’exemple: un enfant à qui on montre du respect a plus de chances de devenir un adulte respectueux. En effet, on sait depuis longtemps que les enfants apprennent en nous imitant: ils intériorisent les comportements des adultes qu’ils aiment et qui les entourent pour ensuite les reproduire, d’une façon ou d’une autre. La façon dont nous interagissons avec eux devient leur normalité.

C’est la raison pour laquelle il est si difficile de mettre en oeuvre une éducation qui n’est pas basée sur les rapports de force quand c’est ce qu’on a vécu enfant! Les neurosciences actuelles nous permettent de mieux comprendre comment ces mécanismes se mettent en place dans notre cerveau d’enfant et comment ils rejaillissent sur nos comportements à l’âge adulte.

On sait d’ailleurs que la plupart des adultes qui ont des comportements violents ou agressifs ont subi (ou même « seulement » assisté à) de la violence ou de l’agressivité dans leur enfance ou leur adolescence (attention: ce n’est pas une opinion, c’est un fait prouvé statistiquement).

On pourrait donc dire qu’un des tous premiers buts de la parentalité positive, c’est d’éviter la reproduction ou l’amplification de la violence dans la société. Les outils de la parentalité positive permettent de tendre vers ce but et un des effets secondaires qui peut se produire assez naturellement quand on les utilise, c’est que les enfants se montrent plus volontiers coopératifs: quand on se sent libre et respecté, on a plus facilement envie de collaborer avec les personnes qui nous entourent que quand on se sent contraint et dominé, soumis dans une position de faiblesse.

Comment poser des limites en restant un parent bienveillant?

Oui mais… cela ne suffit pas. Car il est illusoire d’attendre des enfants qu’ils soient capables de réguler leurs envies et leurs émotions comme des adultes. Il est donc tout à fait normal que nos enfants poursuivent leurs propres projets (par exemple: jouer au petit train alors qu’on leur a dit de se préparer pour sortir) si on se contente de leur parler et d’attendre qu’ils coopèrent!

Il est tout aussi illusoire de croire que la parentalité positive nous économiserait des conflits, ou aboutirait à une société sans conflits. Ceux-ci sont inévitables, dans la mesure où nous autres êtres humains, n’avons pas les mêmes besoins au même moment. Mais la parentalité positive peut nous apporter des outils pour vivre et traverser ces conflits sans violence, en cherchant des solutions gagnant-gagnant, ou des compromis. Cela fera le sujet d’un article à part entière d’ailleurs!

La première chose qu’il faut se rappeler, c’est que la parentalité positive cherche à respecter l’enfant ET l’adulte. Nous sommes probablement allés trop loin en attendant des enfants qu’ils se montrent aussi raisonnables et coopératifs que des adultes dès lors que nous les respectons. Nous avons le droit et le devoir en tant que parents, de poser des limites à nos enfants:

  • si ces limites ont du sens
  • si elles sont respectueuses
  • et si elles ne sont pas mises en oeuvre avec des moyens violents.

Ce sont NOS propres limites que nous devons poser: d’abord en les identifiant et en les exprimant verbalement, puis en joignant le geste à la parole. Trop souvent, nous restons au plan verbal et cela ne suffit pas pour les enfants. C’est l’heure de partir? Dites-le, et restez avec vos enfants sans rien faire d’autre en même temps pour qu’ils se préparent, prenez-les doucement par le bras pour qu’ils le fassent et restez avec eux, avec patience et focalisation sur votre objectif.

Poser ses propres limites avec bienveillance, cela demande une bonne connaissance de soi et du self-control (retrouvez ici mon article qui présente un outil super simple pour développer ces compétences). Cela peut prendre des mois ou des années, mais ce n’est pas du temps perdu: nous grandissons en même temps que nos enfants, et cet apprentissage sera bénéfique pour chacun à long terme. En effet, poser nos propres limites avec bienveillance nous sera utile dans toutes nos autres relations, et pour nos enfants aussi.

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