Aujourd’hui, je dis stop. Stop aux idéaux, aux trop belles théories, aux idées reçues qui, même de façon inconsciente, s’immiscent dans notre esprit et polluent notre quotidien de parents de petite ou grande tribu, gémellaire ou non (personnellement, j’ai une tribu composée « seulement » de jumeaux, mais vu leur intensité je suis persuadée qu’ils valent beaucoup plus sur l’échelle de Richter!).  Je vais donc dégommer quelques malentendus dans cet article. La photo ci-dessus illustre justement ces idées reçues qui me sortent par les oreilles!

Idée reçue n°1: parent bienveillant = parent parfaitement lisse

Le parent bienveillant serait un héros infatigable du quotidien, sans coup de mou ni états d’âme personnel… Le problème de cet idéal (bien souvent inconscient), c’est qu’il revient à nier notre propre humanité. Résultat, il nous amène à oublier d’être bienveillant envers nous-même. Dans ces conditions, la bienveillance parentale est tout sauf durable, car l’empathie ne peut pas être donnée à sens unique. Vous vous souvenez peut-être de l’image du réservoir affectif (ou du réservoir d’adaptation) de l’enfant, qui est vide à la fin de la journée, expliquant bien des crises au moment des retrouvailles avec ses parents? Ou vous vous souvenez peut-être de l’histoire de Maman-Ogre?

Rappelez-vous: tout le monde a un réservoir affectif à remplir et pour pouvoir approvisionner celui de votre tribu, il faut aussi que vous remplissiez le vôtre! Si vous ne recevez pas d’empathie, vous ne pourrez pas en donner bien longtemps. Les sources d’empathie sont nombreuses, une fois qu’on prend conscience de notre besoin on peut commencer à chercher aux bons endroits.

Idée reçue n°2: parent bienveillant = famille du bonheur perpétuel

Bienveillance ou non, les enfants râlent quand on dit non (les miens en tous les cas!), et c’est normal. Pourtant, je m’efforce d’être bienveillante avec eux… mais aussi avec moi-même. C’est la raison d’ailleurs pour laquelle je pose des limites: je ne suis pas superwoman, je ne peux pas réussir à tout faire (ce n’est pas faute d’avoir essayé!)… donc souvent je dis non à leurs demandes (ou à mes propres désirs d’ailleurs!). Du coup, souvent ça râle et sur le moment, mes enfants ne sont pas contents. Mais dans l’éducation bienveillante comme dans toute éducation d’ailleurs, ce n’est pas le résultat à court terme que l’on cherche, c’est le résultat à long terme: des enfants bien dans leurs baskets, respectueux d’eux-mêmes et des autres… et des parents fiers de leur progéniture! Une vie heureuse ne signifie pas une vie sans contrariétés 🙂

Le but de la bienveillance éducative n’est donc pas d’éliminer les conflits, mais d’apprendre à les traverser sans rapport de domination/soumission, et de trouver des solutions de compromis respectueuse de l’intégrité de chacun. Mais ça râle quand même et on a même le droit de broyer du noir… de temps à autre. Si par contre vous sentez que vous perdez pied, c’est le moment de vous faire accompagner. Etre parent est un métier magnifique mais difficile, encore plus quand on a des multiples. Prenez soin de vous!

Idée reçue n°3: parent bienveillant = parent neuro-éducateur

Les découvertes récentes en neurosciences, qui étudient ce qui se passent sous notre boîte crânienne, sont tout simplement passionnantes. Elles permettent de valider scientifiquement un certain nombre de choses que l’on savait déjà concernant l’éducation ou le développement de l’enfant, intuitivement ou par le biais d’autres sciences, voire même philosophiquement: la non-violence, éducative ou non, est un courant qui dépasse largement le champ scientifique. En particulier, les neurosciences démontrent que lorsqu’on a peur, on ne réfléchit pas à long terme puisqu’on est préoccupé par notre survie immédiate. C’est pourquoi il est scientifiquement inefficace d’enguirlander un enfant pour une bêtise en lui demandant de « réfléchir à ce qu’il a fait » – en plus en l’envoyant au coin ou dans sa chambre, ce qui le désoriente, le rend triste et perdu, donc encore moins capable de réfléchir!

Mais aussi passionnantes et utiles que soient ces découvertes, il n’est pas indispensable de lire un traité de neurosciences pour être un parent bienveillant! Car la bienveillance ne commence pas dans le cerveau, elle commence… dans le cœur. Je vous invite donc plutôt à vous poser ces questions: que vous dit votre cœur? A la place de vos enfants, comment aimeriez-vous être traité? Comment auriez-vous voulu que vos parents vous traitent? Ecoutez votre cœur, il a les réponses que votre cerveau n’a pas.

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