Enfants rapprochés, comment gérer leurs besoins

Eduquer des multiples ou des enfants rapprochés peut s’apparenter à un vrai parcours du combattant.  Malheureusement, cela peut être encore plus vrai lorsqu’on s’attache à répondre à leurs besoins avec bienveillance… Voici quelques pistes pour que ce champ de bataille devienne un parcours semé de pétales de rose, et pas seulement d’embûches.

Pourquoi est-il aussi difficile d’éduquer des enfants rapprochés, des jumeaux ou des triplés ?

Avant quatre ans, les enfants ne sont pas autonomes, ni sur le plan physique ni sur le plan affectif. Cette immaturité émotionnelle est tout à fait normale dans leur développement mais les pousse tout naturellement à avoir un grand besoin de leurs parents à tout moment, que ce soit pour des actes concrets comme s’habiller, ou pour les aider à réguler leurs émotions (les consoler quand ils pleurent, les aider à comprendre ce qui leur arrive, etc.).

Même après l’âge de quatre ans, les enfants continuent à avoir besoin d’aide et de guidance dans les moments délicats, qu’il s’agisse des moments de transition (partir à l’école, se coucher le soir, etc.) ou des émotions fortes (conflit avec son frère ou sa sœur, avec un camarade, vécu d’exclusion à l’école, séparation, engueulade, etc.). Ce processus peut être fatiguant ou déstabilisant pour les parents et c’est bien pour cela qu’il est judicieux de se faire accompagner, mais il est parfaitement normal et sain du point de vue des enfants.

Pourquoi est-il important de répondre aux besoins de ses enfants, même les aînés, sans pour autant s’oublier ?

Ecouter et consoler ses enfants lorsqu’ils pleurent, accueillir leurs colères avec bienveillance, accepter leurs besoins de câlins ou de présence, tout cela nourrit la confiance en eux des enfants. Cela forme la base de leur confiance et de leur estime de soi pour toute leur vie et va donc les pousser à devenir la meilleure version d’eux-mêmes sans avoir peur du regard des autres. Cela les amènera à oser s’affirmer à l’âge adulte, tout en respectant autrui. C’est également le socle de leur autonomie relationnelle future.

Ensuite, lorsqu’on accueille son deuxième bébé, il nous semble tellement fragile et petit que l’aîné nous paraît tout à coup immense et capable de se débrouiller. Or, ce n’est de loin pas le cas! C’est une erreur d’appréciation que nous faisons inconsciemment et qui est bien naturelle: instinctivement, nous nos focalisons sur notre nouveau-né… en oubliant notre grand bébé de 1 an, 2 ans, 3 ans qui dépend encore de nous sur bien des plans, notamment pour le soutien et la présence affective. Cela peut malheureusement faire le lit des disputes et des conflits de fratrie par la suite (d’ailleurs, j’avais fait un article sur les pièges à éviter quand nous intervenons dans ces fameuses bagarres!).

Enfin, il arrive souvent que l’on s’oublie en tant que Maman, tellement il y a à faire avec les enfants! Mais à plus ou moins long terme, s’oublier n’est pas la solution: épuisée, nous risquons de tomber dans le burnout parental… ce qui est bien sûr mauvais pour notre santé mais qui comporte aussi des risques de négligence ou de violence pour nos enfants. Vous pouvez lire l’article qui vous indiquera les signaux d’alerte de l’épuisement qui doivent vous amener à réagir.

Mère de jumeaux ou d'une fratrie, disputes incessantes

Quelques mythes sur l’éducation des enfants rapprochés ou des multiples

Répondre aux besoins de ses enfants fait partie de l’éducation positive, mais hélas! celle-ci n’est pas toujours comprise, ce qui génère des fausses croyances assez répandues. Voici quelques-uns de ces mythes:

  • Il faut que je réponde parfaitement et en tout temps à tous les besoins de mes enfants sinon ils seront traumatisés à vie: bien heureusement, non! Le but n’est pas de viser 100% de réponses adéquates ni la perfection, mais de répondre aux besoins dans la majorité des cas… il est normal de se planter parfois et nos enfants n’ont pas besoin de parents parfaits, mais de parents qui font de leur mieux et qui, simplement, tâchent de réparer leurs erreurs lorsqu’ils ont mal compris les besoins de leurs enfants ou n’ont pas pu y répondre. La croyance de devoir répondre à 100% parfaitement provient souvent des messages que nous avons reçus dans notre enfance: « si je suis parfaite, on m’aimera ». Or, ce message est faux, il n’y a pas besoin d’être parfaite pour être aimée!
  • Si je réponds assez bien aux besoins de mes enfants, il n’y aura plus ni cris, ni pleurs, ni conflits: ce mythe m’a fait beaucoup de mal personnellement car je croyais pouvoir éviter ces émotions désagréables en étant à 100% à l’écoute de mes enfants (en m’oubliant d’ailleurs complètement dans l’équation!). Or, dans une certaine mesure, il est normal que les enfants pleurent, crient ou se disputent. Nous ne pouvons pas complètement éviter cela même avec toute la meilleure volonté du monde. Ce n’est pas de votre faute si, parfois, vos enfants pleurent ou râlent. A nouveau, l’objectif visé n’est pas 100% de pétales de roses, « juste » une majorité.
  • Il faudrait répondre aux besoins de chaque enfant comme s’il était enfant unique: à nouveau, il s’agit d’un mythe (inconscient) que j’ai vécu personnellement. Or, il n’est matériellement souvent pas possible de s’occuper de plusieurs enfants, surtout s’ils ont le même âge ou presque, comme si on s’occupait d’un seul enfant. Revoir ses attentes, même inconscientes, est un must!

Trois clés pour répondre aux besoins de ses enfants, sans s’oublier

  • Ecouter et verbaliser les besoins de nos enfants, plutôt que de se mettre la pression pour y répondre coûte que coûte, est le point de départ qui permet aux enfants de se sentir entendus et donc, reconnus. Cela fait exister et légitime leurs besoins, même si on ne peut pas y répondre dans l’instant! Prendre le temps d’accueillir et écouter les besoins avant de répondre ou de tenter de résoudre le problème est une étape fondamentale.
  • Oser s’écouter soi-même quand c’est trop, sans attendre que la marmite déborde! Il n’y a pas besoin d’être débordée ou dépassée à 100% pour oser s’écouter, déjà à 20% de trop on a le droit de s’écouter pour souffler et prendre soin de soi.
  • Prendre conscience de nos croyances inconscientes: comme je le disais ci-dessus, on peut avoir développé dans l’enfance des croyances inconscientes du type « sois parfaite » qui nous déconnectent des nos émotions véritables, ce qui nous met dans la confusion pour répondre aux besoins de nos enfants et aux nôtres. Oser écouter ce qui se passe en soi va permettre de désactiver ces messages pour se reconnecter à son « vrai soi ».

Oser prendre du recul sur son vécu et sur l’éducation qu’on donne à ses enfants, remettre en question nos certitudes et nos croyances éducatives, permet de mieux vivre cette fantastique relation. L’amour que nous portons à nos enfants nous permet d’aller revisiter notre histoire et de faire le tri pour ne garder que le meilleur de ce que nous sommes devenus. Si vous souhaitez avancer sur ce chemin tout en étant guidée et accompagnée, je me ferai une joie de vous accueillir dans l‘Ecole des Mamans de multiples.

 

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