Devenir parent, c’est un bonheur immense! Mais la plupart du temps, la réalité ne correspond pas aux attentes que l’on a nourries pendant la grossesse. Bébé mignon, petits petons tout roses, gazouillis charmants et petits pyjamas trop craquants…on a une vision idéalisée de la parentalité. Quand on apprend qu’on attend des jumeaux ou d’autres multiples, c’est en général un choc et on se prépare à « en baver » les premiers mois après la naissance, bien plus qu’avec un « singleton ». Mais là aussi, la réalité dépasse la fiction bien souvent! Et malheureusement, le risque d’épuisement parental ne se limite pas à la première année après l’accouchement. Comment s’en prémunir? Faisons le point.

Le rôle du contexte sociétal actuel dans le burn-out parental

Disons-le tout de go: le contexte sociétal actuel augmente le risque de burn-out parental par rapport aux générations précédentes. Et la parentalité positive fait partie de ce contexte. Mais rappelons quand même qu’avant, ce n’était pas mieux en termes de souffrances: les parents n’étaient pas soumis à la pression du parent parfait, mais les enfants étaient punis, isolés, enfermés, humiliés, giflés, fessés, frappés… bref, violentés de toutes sortes de manières, sans (trop de) mauvaise conscience de la part des adultes! Il n’est donc pas question de revenir en arrière, mais de se rendre compte que les parents d’aujourd’hui sont plus vulnérables face au risque de burn-out parental, et de les accompagner selon leurs besoins. Cela est particulièrement vrai pour les parents de jumeaux ou d’enfants très rapprochés, qui sont potentiellement plus « à risque » de burn-out parental.

Bref: pression sociale du parent parfaitement positif, charge mentale, réseaux sociaux, culture du paraître, de la performance et du « tout, tout de suite » sont autant d’éléments dont nous pouvons prendre conscience pour faire un pas de côté et ainsi, nous éloigner un tant soi peu du risque de burn-out parental.

Les premiers symptômes du burn-out parental

Le premier symptôme du burn-out parental, c’est l’épuisement physique, émotionnel et/ou mental – sur une certaine durée. L’élément de la durée me semble important car quel jeune parent ne s’est jamais senti épuisé après plusieurs nuits entrecoupées? L’épuisement est un signal d’alerte qu’il faut pouvoir quantifier: depuis combien de temps n’avez-vous pas dormi, au moins une nuit, pendant minimum 4 ou 5 heures de suite? Si la réponse se compte en mois, attention! Cet épuisement peut en effet conduire au deuxième symptôme du burn-out: la distanciation affective. A ce stade, on ne se sent plus aussi proche, touché ou concerné par nos enfants que d’habitude. On « fait le service minimum », on est en mode « pilote automatique » et leurs bobos, leurs peines comme leurs joies nous parviennent un peu comme des bruits étouffés, comme si on était dans de la ouate – ou à une distance inhabituellement grande.

Cette distanciation a un rôle protecteur pour l’organisme de la personne qui le vit, nul besoin de vous en vouloir si vous le ressentez, car ce n’est pas sous le contrôle de votre volonté. En revanche, il est très utile de s’en rendre compte. Examiner les ressentis ou les pensées qui vous traversent lorsque vous êtes avec vos enfants (par exemple au moyen d’un journal émotionnel) peut vous permettre de détecter les signaux d’alerte du burn-out parental et ainsi, de réagir. Pourquoi pas, en vous faisant accompagner pour sortir de cette situation.

Les facteurs de risque du burn-out parental: les « stresseurs »

Il est évident que les éléments du contexte socio-économique (situation financière, environnement et soutien social…) jouent un rôle dans le risque de tomber dans le burn-out parental car ils constituent ce que j’appellerais des « stresseurs situationnels« . Ces éléments doivent être pris en considération au niveau politique. La parentalité multiple (avoir des jumeaux ou plus ou des enfants très rapprochés) fait également partie des stresseurs situationnels! Malheureusement, il est relativement difficile d’agir sur ces stresseurs de façon directe.

En attendant que les politiques familiales et éducatives prennent mieux en compte les besoins des familles, et que les multiples grandissent, nous pouvons agir au niveau individuel, où l’on retrouve trois sortes de stresseurs qui sont autant de facteurs de risques du burn-out parental:

  1. Les stresseurs personnels : les éléments liés à la personnalité du parent, notamment le perfectionnisme (on pourrait écrire des livres entiers sur ce sujet!)
  2. Les stresseurs provenant de la relation avec l’enfant : la manière dont on se comporte avec ses enfants peut augmenter le stress. Cris, menaces, punitions, vont amener les enfants à encore plus mal se comporter, tout comme une éducation inconsistante (un jour c’est oui, un jour c’est non) vont également le déstabiliser et perturber son comportement, ce qui va d’autant plus stresser le parent… c’est un cercle vicieux dont on n’arrive plus à se dépatouiller!
  3. Les stresseurs liés au couple: les désaccords sur l’éducation, les disputes, les absences répétées de l’un des conjoints sont des facteurs de stress qui, sur la durée, peuvent contribuer à l’installation d’un état d’épuisement parental.

Faire son bilan personnel face au risque de burn-out parental

Epuisement durable, distanciation affective, stresseurs personnels, relationnels et conjugaux: si les ingrédients du burn-out parental sont connus, le dosage est propre à chacun. Chaque situation est unique et nous n’avons pas les mêmes ressources pour y faire face. Néanmoins, il est très utile de se « surveiller » pour savoir où on en est et éviter de sombrer ou, encore mieux, pouvoir remonter la pente. Je vous recommande donc d’évaluer régulièrement votre situation personnelle en notant où vous en êtes pour chacun de ces éléments sur une échelle de 1 (le minimum) à 5 (le maximum). Cela vous permettra de faire un bilan de votre situation pour savoir si vous avez besoin de ressources supplémentaires – exactement comme vous inspectez vos placards chaque semaine avant d’aller faire les courses.

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